Le bois de feu est utilisé à 90% par les ménages ruraux pour leurs activités quotidiennes : cuisson des plats et du pain, chauffage de l’eau et des locaux en période hivernale. Très largement répandus, les équipements traditionnels (four à pain de type romain, foyer « trois pierres » et brasero) se caractérisent par un faible rendement énergétique (5 à 10%) et l’émission de fumées nocives pour les utilisatrices. La collecte du bois représente une lourde charge physique pour les femmes et un temps consacré de plus en plus important compte tenu des distances à parcourir en augmentation progressive.
Le travail de diagnostic a permis de fixer le cahier des charges de l’équipement pour répondre au mieux aux besoins des utilisatrices.
L’objectif est de réduire la consommation des ménages par deux, soit de passer de 14 à 7 kg de bois/jour/ménage (5 à 6 personnes/ménage) tout en améliorant sensiblement le confort.
Il doit répondre aux fonctions/contraintes suivantes:
cuisson
- cuisson simultanée de 2 plats
- 2 modes (rapide ou mijotage) selon position du récipient
- surface lisse permettant un entretien facile
- hauteur de travail au standard européen : 85 cm
- obligation d’utiliser des ustensiles à fond épais permettant une cuisson performante
production ECS
- stockage dans ballon inox permettant usage hygiénique
- production importante permettant usages multiples : toilette-hygiène-linge-vaisselle et entraînant une réduction usage détergent
- effet cumulus : eau chaude disponible entre 2 sessions (en particulier, eau chaude disponible pour ablutions du matin)
- remplissage par orifice large et puisage par robinet
chauffage
- chauffage basse température par inertie du local à vivre (hiver et mi-saison)
- option version isolée pour les régions à climat doux
La conception retenue peut se lister comme suit:
- préfabrication des éléments par une entreprise semi-industrielle permettant de maitriser les coûts
- montage facile et rapide type lego par des artisans formés
- choix de l'extraction mécanique horizontale permettant de supprimer le conduit de fumée vertical (installation moins chère et plus facile – peu de technicité), cohérent car suite au programme d’électrification rurale, disponibilité de l’électricité quasi-totale dans les douars (réseau ou panneau photovoltaïque).
- extracteur mécanique constructible localement.
Le tirage naturel comporte des éléments rédhibitoires pour de tels contextes :
- La difficulté pour réaliser des conduits de fumées isolés, de hauteur minimale de 5 m, sans parler de la complexité technique liée à l’étanchéité des liaisons couverture (les savoir faire locaux n’existent pas)
- Une température entrée de conduit de fumées suffisamment élevée autour de 250°C ce qui réduit la performance énergétique des installations
- Un allumage plus délicat et un temps de passage à une combustion performante plus long
- Une difficulté supplémentaire pour une stratégie de large diffusion (installation des conduits au préalable)
- Un coût d’installation beaucoup plus élevé
Caractéristiques techniques :
- facilité d’utilisation : pas de réglage – démarrage facile grâce à l’extracteur
- protection contre les risques de brûlures
- combustible adapté au contexte marocain : 40 cm de long – Ø entre 4 et 8 cm
- durée de vie 15 ans – changement pièces d’usure facilité
- combustion propre – pas de fumées visible
- conduit de fumée horizontal extérieur : absence de fumées dans le local – facilité d’entretien
Quelques chiffres :
puissance |
6 kW |
production ECS à 70 °C |
30 litres d’eau en 30 min |
consommation moyenne bois |
1,5 kg / heure |
dimensions ext (Lxlxh) |
110x60x85 cm |
rendement moyen |
80% |
coût diffusion |
4000 MAD (~360 €) |
Un accompagnement et un suivi des performances ont été conduits. Plusieurs informations ont été retenues :
Consommation de bois réduite de moitié malgré l'ajout de services énergétiques complémentaires à la production d'eau chaude
(chauffage, cuisson)
La CMF s’adresse plus particulièrement au milieu rural, hors le Maroc compte 2 500 000 ménages ruraux. Si on considère à titre conservatoire que seuls 10% de ces ménages sont intéressés et en capacité d’acheter sans aide extérieure (crédit,..) cet équipement de haute qualité, cela représente 250 000 unités. Si on ajoute 50 000 familles en milieu périurbain, cela fait un potentiel immédiat de commercialisation de 300 000 unités.
Si des structures innovantes aptes à accompagner l'acquisition de cet équipement à longue durée de vie s'impliquent (crédit relais, épargne informelle, leasing, etc..), le potentiel de diffusion est alors très large, avec la création d'unités de production/installation/maintenance sources d'emplois locaux.